Chapitre 42
Tout en suivant Dachev, je jetais des coups d’œil constants par-dessus mon épaule. Aucun des autres ne nous suivit. Dachev devait exercer ici une certaine autorité – comme le premier homme qui avait voyagé au-delà de son village préhistorique et découvert l’existence d’un monde plus vaste. Contrairement à ces explorateurs des temps anciens, je doutais qu’il partage son savoir avec ses camarades, afin de conserver plutôt cette supériorité feinte le plus longtemps possible.
Quand on atteignit la prairie, je conduisis Dachev jusqu’à un emplacement en son milieu. Puis je dus prendre une décision : tourner le dos au village, à la forêt, ou à la prairie qui s’étirait des deux côtés. Je choisis la forêt ; elle était assez éloignée pour que personne ne puisse en surgir sans que je le remarque, et je voulais garder les deux yeux sur le village.
Lorsque je me retournai vers Dachev, je le vis en train de m’étudier, non pas avec le regard insolent et mauvais d’un peu plus tôt mais avec un regard curieux, accompagné d’un léger froncement de sourcils.
— Nous nous sommes déjà rencontrés, non ? dit-il. Vous me paraissez familière… et pourtant… (Son expression songeuse céda la place à un large sourire.) Je suis persuadé que je n’oublierai jamais un tel ange. Tellement plus jolie que l’autre qu’ils ont envoyé. Ce n’était pas du tout mon genre.
— On ne s’est jamais rencontrés, répondis-je. La dernière fois que vous vous êtes retrouvé à l’air libre, je n’étais même pas née.
Il me toisa une fois de plus, s’arrêtant sur mes yeux avec une évidente confusion. Il y reconnaissait quelque chose… sans savoir quoi au juste. Dommage. S’il ignorait ma nature de sorcière, je ne comptais pas l’éclairer sur ce point, ni lui apprendre que je n’étais pas un ange.
— Vous avez un nom, ma jolie ? demanda-t-il.
— Comme tout le monde.
Il attendit. Comme je ne disais rien, ses lèvres esquissèrent un sourire.
— Échanger des noms fait partie de toute conversation polie, dit-il.
— Oui, répondis-je, en effet.
Comme je ne poursuivais pas, il éclata de rire.
— Vous n’allez même pas satisfaire ma curiosité, hein ? L’autre l’a fait. Il était très poli. Très… compréhensif. Et très sympathique. Je crois qu’il voulait devenir mon ami.
— Je n’en doute pas.
Dachev haussa les sourcils tout en s’efforçant de réprimer un sourire.
— Vous doutez de sa sincérité ? Ah, mais il était tellement sincère. Il ne m’a pas obligé à rester planté dans cette prairie. Il a accepté mon invitation, il est venu chez moi, pour me prouver à quel point il me faisait confiance. Pas vous ?
— Non.
Nouveau sourire à peine contenu.
— Vous devriez. Ça rend les choses tellement plus agréables. L’autre ange s’est assis à la table et m’a dit qu’il comprenait que j’aie succombé à la tentation. Après tout, j’étais humain… tout comme lui-même l’avait été, si bien qu’il comprenait la tentation. Ce que les Parques m’avaient fait était mal, de mettre ce pauvre pécheur dans une telle situation, en contact avec une créature telle que la nixe. Elle m’avait tenté, et j’étais tombé en disgrâce.
— Ouais. Avançons un peu. Vous savez pourquoi je suis ici, donc…
— Vous voyez ? Là, vous êtes impolie. Katsuo était beaucoup plus gentil. Il n’était pas pressé. Il m’a écouté, très attentivement, quand je lui ai confessé mes péchés et raconté ce que nous avions fait, la nixe et moi. Ensuite, je lui ai dit ce que je regrettais de ne pas avoir fait… à grand renfort de splendides détails complexes, tout ce que je regrettais de ne pas avoir fait à ces femmes, si seulement c’était moi qui m’étais trouvé dans le corps de ces tueuses. Je lui ai décrit toutes les entailles, toutes les dégradations que je leur aurais infligées. (Dachev feignit un froncement de sourcils.) Et c’est là qu’il est parti. Sans même dire au revoir. (Il me regarda.) Vous croyez que Katsuo se souvient de moi ? Peut-être dans ses rêves ? (Il afficha un large sourire.) Je l’espère.
Je ne répondis pas.
— Est-ce que les anges rêvent ? demanda-t-il. Est-ce qu’ils peuvent faire des cauchemars ? Ou est-ce que tous leurs rêves ressemblent à ça ? (Il désigna la prairie d’un geste de dédain.) Des visions de fleurs des champs et de cieux ensoleillés. Nous rêvons, vous savez. Quand nous dormons, les failles de notre mémoire s’entrouvrent, juste assez pour laisser passer une image ici, une impression là. Et dans nos rêves, il n’y a ni fleurs ni soleil. Parfois, j’entends hurler les autres. Ils me réveillent la nuit.
— Quel dommage.
Son sourire dévoila des dents de requin.
— Oui, en effet. Vous n’allez même pas faire semblant d’éprouver un peu de compassion, hein ?
— Si c’est de la compassion que vous voulez, je vous enverrai Katsuo. Si vous voulez conclure un marché, il faudra vous contenter de moi.
— Un marché ? Voilà qui me plaît. Voyons un peu… que devrais-je demander ? Eh bien, d’abord, bien sûr, je veux sortir d’ici.
J’éclatai de rire.
— Oh, pas de façon permanente. Rien qu’une visite, sous bonne garde, bien entendu. Je…
— Non. Je ne pourrais pas vous l’accorder même si je le voulais.
— Alors des images.
— Hein ?
— Quand j’étais dehors, avec la nixe, chaque fois qu’on tuait quelqu’un, la police prenait des tas de photos. « Clic, clic, clic ». Sous tous les angles, tous les gros plans. (Il ferma les yeux et soupira.) Quelle attention aux détails. Même moi, j’étais impressionné.
— Vous voulez ces photos ? lui demandai-je.
— Non, non. Je me les rappelle. Et elles n’étaient pas vraiment à moi. Je veux les miennes – celles dont je ne me souviens pas. J’ai trouvé des coupures de journaux parlant de ce que j’avais fait, mais sans photos. Quelle déception.
— Les flics ne prenaient pas de photos des crimes en ce temps-là, mentis-je.
— Ah non ?
Je le regardai droit dans les yeux.
— Non.
— Je vois. Dans ce cas, je vais me contenter de descriptions. Ceux qui ont écrit sur mon cas étaient plus qu’avares de détails. Pas la moindre précision sur ce que j’avais fait, rien que des allusions. Je veux…
— Des détails, complétai-je. Je vois. Mais vous n’en aurez pas, parce que je ne connais pas ces détails et que je ne peux négocier qu’à partir de ce que je peux vous fournir.
— Dans ce cas, faites appel à votre imagination. Dites-moi ce que vous pensez que j’ai fait à ces filles. Ou alors, je vous dirai ce que je pense leur avoir fait, ce que je vois quand je ferme les yeux.
— D’accord, faisons ça. Vous me dites ce que vous pensez avoir fait et je vous écoute. Vous avez une heure. Quand elle sera écoulée, si je suis toujours là, que je n’ai pas gerbé ou filé par la porte, vous me raconterez comment vous avez capturé la nixe. Et vous me le direz pendant que je lancerai un sort de détection de mensonges.
La déception envahit son visage, puis se durcit en un froncement de sourcils irrité quand il comprit que le marché serait bien moins gratifiant qu’il l’avait espéré. Je n’avais peut-être pas envie d’écouter ses fantasmes sadiques mais j’allais le faire, et sans lui fournir les réactions qu’il brûlait de voir. Après tout, ce n’étaient que des mots, sans le moindre rapport avec moi, des mots n’ayant même aucune base dans la réalité en fait, simplement les fantasmes d’un pauvre taré qui n’aurait jamais l’occasion de les mettre en pratique.
— Laissez tomber, dit-il. J’ai mieux. Un jeu à deux.
— Laissez-moi deviner. Une partie de cache-cache. Sauf que je n’aurai jamais l’occasion d’être le chat.
Après un bref moment de perplexité, il sourit.
— Oui, une partie de cache-cache, comme vous dites. C’est vous qui allez courir. Quand je vais vous attraper… (Son regard glissa le long de mon corps et ses yeux s’assombrirent.) Je pourrai faire ce que je veux. Et ensuite, je vous dirai ce que vous voulez savoir.
— Nan nan. Si vous m’attrapez, très bien, vous ferez ce qui vous chante. Mais sinon, vous avez un gage et vous m’expliquez comment attraper la nixe.
Il secoua la tête.
— Si vous souhaitez jouer comme ça, alors si je vous attrape, c’est vous qui avez un gage. Vous m’autorisez à faire ce que je veux, et je ne vous dis rien.
— Très bien.
Il haussa un sourcil.
— Vous êtes bien sûre de vous, dites-moi.
— Je suis tout à fait certaine que vous n’allez pas accepter mes conditions et je n’aime pas discuter pour rien. Nous allons fixer une limite temporelle. Le soleil commence à se coucher, alors disons que si vous ne m’attrapez pas avant…
— Pas de limite temporelle. Plutôt un but. Il y a un livre dans ma maison. Katsuo me l’a apporté comme cadeau d’hospitalité. Un genre de poésie. Il ne me sert pas à grand-chose, mais il se révélera peut-être utile un jour ou l’autre, donc je l’ai rangé dans le vide sanitaire en dessous de ma maison. Allez le chercher…
— Où ça ? lui demandai-je. Soyez plus précis. Autrement, vous allez sans doute me choper pendant que je chercherai. Où est la trappe de cet espace, et où se trouve le livre exactement ?
Il me l’apprit.
— Parfait. Donc, laquelle de ces maisons est la vôtre ?
Il éclata de rire.
— Je ne vais quand même pas tout vous dire.
— Très bien. Je le trouverai moi-même. Maintenant, je vais lancer un sort, et vous allez en prononcer quelques mots. Vous allez répéter le marché et me dire que vous obéirez à ses conditions.
Il soupira et marmonna un commentaire au sujet de mon manque de confiance, mais il s’exécuta. Ses yeux restèrent verts.
Mais ce fut la dernière fois qu’il dit la vérité. Quand j’eus terminé de lancer le sort, il me promit une avance de cinq minutes – et m’en accorda moins de trois.
J’atteignis la forêt, puis mes jambes tentèrent de me lâcher. Elles en avaient marre de devoir courir tout le temps. Il était temps de faire volte-face et de se battre. L’idée de devenir une proie, même d’y jouer un moment, me fit monter une vague de bile dans la gorge. Mais si je voulais me montrer plus maligne que Dachev, je devais lui donner ce qu’il voulait… pour l’instant.
Si je me retrouvais acculée, je me battrais, mais j’avais déjà un trou dans la main, un bout d’épaule manquant et des poignées de cheveux en moins. Je ne m’inquiétais pas trop des cicatrices à la main et à l’épaule, mais j’espérais franchement que les cheveux allaient repousser. En attendant, moins je subissais de dégâts, mieux ça vaudrait.
Il y avait un chemin qui traversait la forêt. Il pouvait sembler plus malin de s’en écarter pour couper à travers bois, mais je cherchais avant tout la vitesse, pas la discrétion. Si j’avais disposé de mon sort brouilleur, ça m’aurait considérablement facilité les choses, mais je faisais de gros efforts pour ne pas déplorer ce qui me manquait.
Si je devais me cacher, les sortilèges de sorcière étaient parfaits. Sans compter que, depuis ma mort, j’avais appris quelques sorts offensifs redoutables, des sorts que même Paige, toujours en quête de nouveaux sortilèges, aurait jugés trop dangereux. Ils étaient longs à réciter correctement – et je n’avais pas eu ce temps au village. Si j’en avais besoin, je m’arrangerais pour prendre le temps de les lancer correctement.
Tout en filant le long du chemin, je passais mon temps à regarder par-dessus mon épaule. La première fois que je vis Dachev, il se trouvait à moins de quinze mètres derrière moi, mais quatre cents mètres plus loin, il avait pris du retard et se trouvait à plus de trente mètres. De toute évidence, il n’avait pas l’habitude de courir après d’anciennes vedettes de l’athlétisme.
Sur ma droite, j’entrapercevais des maisons tandis que le chemin contournait le village. Quand j’atteignis l’autre côté du village, le chemin se sépara en deux, un embranchement regagnant la ville tandis que l’autre s’enfonçait dans la forêt. Je choisis le chemin du village. À mi-chemin entre l’embranchement et le bout du chemin, je m’enfonçai dans les bois et lançai un sort de camouflage. Puis j’attendis. Une minute plus tard, Dachev apparut à l’embranchement. Il regarda des deux côtés.
— Vous avez continué à courir ? murmura-t-il. Ou vous foncez déjà pour décrocher le trophée ?
Après une hésitation, il me dépassa, pénétra dans le village et disparut. J’envisageai de sortir de ma cachette pour trouver un meilleur point d’observation, afin de voir quelle maison il avait choisie, mais c’était trop risqué. La première fois que je l’avais vu, il venait du bout de la route, ce qui signifiait que l’une des deux dernières maisons devait être la sienne. Je soupçonnais que je saurais laquelle il occupait dès l’instant où je jetterais un coup d’œil par la fenêtre. Ce fantôme-là ne devait pas dormir par terre.
Au bout d’une dizaine de minutes, il regagna le chemin d’un pas très rapide. Cette fois encore, il passa près de moi. Quand il atteignit l’embranchement, il revint sur ses pas. Bizarre, mais je n’allais pas remettre en question son sens de l’orientation.
Quand le bruit de ses pas céda la place au silence, je me glissai hors de ma cachette et m’approchai du village. Aussi tentant soit-il de foncer dans la maison en quête de ce livre, ce n’était pas sûr, pas à la lumière du jour, alors que les autres continuaient presque certainement à me chercher. Le ciel s’assombrissait déjà.
Quand j’eus assez approché pour voir le village, je trouvai un arbre convenable, grimpai sur une branche solide, lançai un sort de camouflage et décidai d’attendre la nuit.
Pendant près d’une heure, Dachev me chercha, revint deux fois à la lisière de la forêt pour balayer le village du regard et s’assurer que je n’étais pas revenue. La troisième fois, il quitta la forêt, regarda autour de lui puis se précipita vers la dernière maison sur la gauche.
— Merci, me dis-je. Un problème de résolu ; plus que deux.
Quand il émergea de sa maison, il inspecta de nouveau le village, scrutant la nuit tombante. Puis il se dirigea vers un groupe de buissons près de la lisière de la forêt. Après moins de dix secondes de contemplation, il regagna la route. Un homme comme Dachev se considère comme un puriste – un prédateur qui attrape ses proies en les pourchassant sur le terrain, pas en fouillant dans les buissons dans l’espoir de les faire sortir.
Un peu plus loin dans la rue, deux autres résidents sortirent de chez eux. Quand ils firent mine de s’approcher pour voir ce qu’il trafiquait, il leur lança quelques mots d’une voix rageuse puis s’enfonça dans les bois. L’un d’entre eux le suivit. L’homme-oiseau – qui se faufilait à droite et à gauche, rasant les arbres et les buissons, prêt à se réfugier derrière eux au premier signe de Dachev.
Celui-ci avait disparu dans la forêt qui s’assombrissait avant que l’homme-oiseau atteigne seulement le bord. L’homme-oiseau pénétra dans la forêt, hésitant, la tête levée, le corps tendu. Il avança de quelques pas puis s’arrêta, répugnant visiblement à aller plus loin.
Il s’accroupit au bord du chemin. Dachev revint une demi-heure plus tard, le temps qu’il avait dû lui falloir pour battre cette petite zone de bois. J’espérais que son retour ferait fuir l’homme-oiseau, mais il fila dans un fourré et attendit qu’il soit passé avant de ressortir pour le suivre.
Dachev inspecta une fois le village, puis se dirigea de nouveau dans les bois. L’homme-oiseau resta sur place. Magnifique. Il faisait presque nuit à présent et, à en juger par l’obscurité qui régnait dans le village, je devinais que ces types n’avaient pas de bougies. Bien que la lune soit pleine, elle transperçait à peine la forêt. Le temps d’une nouvelle inspection de fond en comble, Dachev serait contraint de rentrer chez lui et de m’y attendre. Il était temps de changer de plan.
Je m’avançai lentement le long de ma branche et m’emparai d’une liane enroulée autour du tronc. Quand je tirai dessus, elle se cassa en deux. Je me laissai glisser le long d’une branche et en trouvai une plus épaisse, qui résistait même quand je tirais dessus comme une grosse brute. Je la déroulai de la branche puis en trouvai une deuxième en guise de réserve.
Après avoir roulé les lianes en boule, je voulus en glisser une dans ma poche mais sentis ensuite le flacon de potion anti-géhenne et m’arrêtai, me visualisai en train de tirer les lianes de ma poche, de faire tomber le flacon dans les broussailles et de l’y oublier. Je les attachai plutôt autour de mon mollet. Puis je retirai une de mes chaussettes et la fourrai dans ma poche vide.
Je me laissai glisser au bas de l’arbre jusqu’à ce que j’atteigne la branche la plus basse qui puisse me soutenir. Je m’avançai prudemment aussi loin que j’osai. Les feuilles des basses branches me fournissaient un abri suffisant. Je cassai une brindille et la laissai tomber. Elle se prit dans la branche la plus basse. J’en arrachai une autre, tendis le bras le plus loin possible et la lâchai. Celle-ci atteignit les broussailles sèches avec un craquement qui paraissait aussi bruyant qu’un coup de feu. L’homme-oiseau surgit de sa cachette. Il regarda autour de lui, regard braqué au sol, agitant la tête tandis qu’il cherchait. Je lâchai une autre brindille. Il avança d’un pas dans ma direction. Puis encore un autre. Au troisième, je me laissai tomber sur lui.
Lorsque j’atterris sur son dos, je plaquai l’avant-bras contre sa bouche. Il me mordit assez fort pour que je me demande si j’allais perdre un autre morceau de chair. Il fallut me débattre un peu, mais je réussis à dégager ma chair de sa bouche et à la remplacer par ma chaussette. Quand je l’eus ligoté, je l’attachai au tronc d’arbre avec l’extrémité libre de la liane. Il finirait bien par alerter Dachev à force de gémir et de se débattre, mais ça me laissait quelques minutes.
Je suivis la forêt aussi près que possible de la maison de Dachev. Avec la pleine lune, je n’osai pas la contourner jusqu’à la porte d’entrée, et m’approchai donc furtivement de la fenêtre latérale ouverte. Quand je m’y faufilai, j’entendis quelqu’un se déplacer dans la forêt. Je bondis à l’intérieur, heurtant le sol avec un boum, puis me relevai. Je me trouvais dans le salon. D’après Dachev, la trappe du vide sanitaire se trouvait sous son lit. Je franchis en courant la seule porte, entrai dans la chambre, saisis le cadre du lit et tirai. Pas de roulettes, évidemment. Je tirai le lit sur le côté puis agrippai le bord de la trappe. Un bruit de course retentit sur la route de terre. J’ouvris brusquement la trappe et sautai à l’intérieur.